Le contenu de ces 5 jours se ressemblant fortement, autant vous raconter tout dans un seul message.
Mercredi était donc le retour fatidique à la routine du voiture-boulot-dodo. Bon, à part que le boulot en question se termine à 15h ou 16h, ça nous laisse donc un peu de temps pour profiter de l’après-midi, quand on en a le courage. Je vous en parlerai après.
Alors comment c’est le « fruit-picking » pensez-vous ?
Réponse : une horreur… En tout cas, notre 1e expérience chez "Bellamy's Apples".
On est tombés chez un exploitant au sens propre du terme, sauf qu’il n’exploite pas seulement les pommes, il exploite aussi carrément sa main d’œuvre… Imaginez : bosser 7 à 8h par jour de 7h30 à 15-16h pour gagner environ 40€ !!! Si encore c’était un boulot facile ou amusant, mais on en est loin !
Arrivée à la ferme au petit matin avec nos compagnons, il fait bien frais malgré le soleil.
1er problème, même si c’est pas le + gênant : le lacérage de peau. A force de mettre nos mains dans les branches et de se dépêcher de cueillir, on se griffe partout et nos bras et mains sont couverts de griffes et d’échardes. En plus, les bêbêtes aiment beaucoup les pommes, que ce soit les araignées ou les vers qui grouillent parfois dans le sac. On a fini par acheter des gants pour remédier aux griffes et aux bestioles. Avec ça, je réussissais à arracher les pommes même dans les toiles d’araignées, j’étais très fière ! Reste le mal aux épaules dû aux lanières du sac qui frottent toute la journée sur la peau. Je suis carrément brûlée à ces endroits… Enfin, je m’attendais à pire encore au niveau physique donc c’était supportable.
notre lieu de travail
Le plus gros problème, c’est la paye. On est payés environ 15€ par gros cageot rempli. Forcément, c’est tentant de les remplir vite fait pour gagner un max d’argent dans la journée. C’était exactement notre état d’esprit le 1er jour : on a fait très vite, sans faire gaffe à la manière de cueillir. Ca a bien marché : 6 cageots en 7h (un record qui restera inégalé pour nous). Résultat : le soir, un superviseur vient nous voir pour nous dire qu’on a abîmé beaucoup trop de pommes, qu’on en a laissé plein sur les branches (forcément, on s’était rendus compte que monter à l’échelle pour cueillir les pommes du haut, c’était moins rentable que de cueillir directement celles du bas…), qu’on a laissé plein de feuilles ou qu’au contraire, on a arraché les bourgeons qui permettent à la pomme de se conserver plus longtemps. Sympa de nous prévenir après 7h de boulot… Surtout qu’on nous avait expliqué le geste en 2 minutes le matin et qu’on ne nous avait pas dit de laisser les bourgeons. Grrr !
Bref, le 2e jour, on était surveillés de près par le superviseur. On a dû refaire toute notre allée de la veille, en commençant par toutes les pommes du haut. On a perdu un temps fou à traquer la moindre petite pomme restante. Du coup, à 13h, on avait rempli 2 cageots (au lieu de 4 à la même heure la veille)… La journée s’est soldée par 3 cageots remplis, ce qui nous a fait un gain exorbitant de 35$ chacun (environ 20€) !
devant le résultat de notre travail...
Alors à la fin du 2e jour, tu te dis que au moins en allant lentement, tu as appris le bon geste, et que petit à petit tu vas progresser et accélérer. Il fallait de toute façon qu’on cueille correctement maintenant. Ils avaient inventé une règle cette année à cause de gens qui avaient abîmé trop de pommes l’année dernière : si on a au moins 10% de pommes pourries/abîmées dans nos cageots, ils nous les retirent de notre paye. Déjà que c’est mal payé, ça vaut pas le coup de carrément plus rien avoir une fois qu’on retire l’essence pour les 50 kms aller-retour quotidiens…
On a donc fait de notre mieux pour aller plus vite ensuite sans trop abîmer. Après avoir atteint les 4 cageots vendredi, on a réussi à en remplir 5 samedi et lundi. C’était mieux, mais toujours pas rentable. Faudrait au moins remplir 8 ou 10 cageots par jour pour que ça devienne intéressant et on a fini par se rendre à l’évidence que ça serait impossible même après 2 semaines de pratique.
L’aspect positif de tout ça, ce sont les rencontres que tu fais, et tu sympathises vite quand tu te trouves dans la même galère ! On a rencontré des Québécois, des Japonais (très forts eux pour ramasser par contre), des Coréens, même des locaux de Devonport ou des Australiens de Brisbane. Ca nous a permis d’avoir un super plan par un couple de Coréens. Ils ont abandonné la ferme samedi pour voir s’ils pouvaient trouver une autre ferme, dans les framboises. Ils ont pris notre numéro avant de partir et nous ont dit qu’ils nous tiendraient au courant s’il y avait moyen qu’on les rejoigne… Super sympa comme attitude ! Dimanche, ils nous disaient que ça marchait pour les framboises et qu’il y avait de la place pour nous aussi… On s’est pas emballés, on s’est dit qu’on irait bosser lundi et qu’on verrait ensuite.
En allant au boulot lundi, on a trouvé déjà qu’il y avait beaucoup moins de monde qui bossait… Les gens fuiraient-ils ? Les 2 Australiens nous avaient bien fait marrer avec leur énorme motivation du matin : "Ca va bien ?" "Fantastique ! Prêt à gagner mes 50 cents de la journée !". Vu le manque de motivation partagé, on a vite décidé que ça serait notre dernier jour dans cette ferme…
Le lendemain après-midi (mardi), on a d'ailleurs rencontré à Devonport les 2 Australiens qui venaient d'abandonner eux aussi après un ultime cageot le matin !
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